Le bilan individuel des bleus
*****
Nando De Colo | 13 points à 54%, 5 rebonds, 4 passes en 26 minutes
Elu dans le meilleur cinq de la compétition, et à juste titre, Nando De Colo a été le meilleur français pendant cet Euro. Et de loin ! Impressionnant de maîtrise, parfois génial, il nous a par exemple régalés d’un layup main gauche de toute beauté face à la Serbie. Mais il a surtout délivré une partition remarquable de constance tout au long du tournoi. Ses 62% de réussite à deux points, et ses 43% à trois points, confirment qu’il joue en pleine confiance. Il sera rapidement amené à endosser un rôle encore plus important à l’avenir et l’arrière du CSKA a prouvé cet été qu’il en avait la carrure. Dans sa dernière année de contrat à Moscou, il pourrait revenir en NBA dans un an. Par la grande porte ?
Rudy Gobert | 10 points à 59%, 8 rebonds, 2 contres en 24 minutes
De 65, son pourcentage de réussite aux tirs est passé à 59 avec les phases finales… Mais on chipote, l’Euro de Rudy Gobert, c’est un pur moment de bonheur ! Son dernier dunk (sur une passe magique de Nando De Colo – l’école choletaise) en est le symbole le plus éclatant : Rudy a désormais conquis la France. Véritable révélation de la saison en NBA, jusqu’à être classé 10e meilleur pivot par Sports Illustrated, il a maintenant pu séduire le public français par ses performances faites d’envie et de goût du spectacle. Intimidateur de tous les instants face à la Serbie, il a encore manqué de dureté dans certains contacts, notamment sur phases offensives, pour complètement réaliser son potentiel. Mais à 23 ans seulement, et avec deux médailles de bronze en deux étés, Rudy Gobert est l’avenir du basket français !
****
Mickaël Gelabale | 6 points à 55%, 2 rebonds en 16 minutes
Malgré une saison difficile de bout en bout en Pro A, Mickaël Gelabale a été appelé par Vincent Collet. Et si les esprits dubitatifs se demandent encore pourquoi, ils n’ont qu’à visionner les performances de l’ailier guadeloupéen tout au long du tournoi. Fidèle soldat de l’équipe nationale, il a encore une fois répondu présent avec sa sûreté au shoot, son jeu poste bas et son savoir-faire défensif. Facteur X face à la Pologne avec 12 points en 19 minutes, le futur manceau aurait également pu nous rejouer la même partition face à l’Espagne, avec ses 10 points en 17 minutes. Oublié sur le banc en demi, il a néanmoins fini le travail avec justesse en « petite finale », pour ce qui est déjà sa cinquième médaille avec les Bleus.
Joffrey Lauvergne | 10 points à 59%, 6 rebonds en 18 minutes
Quel luxe de pouvoir disposer de cette usine à gaz sur le banc français ! Joffrey Lauvergne, c’est une boule d’énergie de 2m10 et 110 kilos et avec lui, ça brasse sévère. Son passage au Partizan l’a pourtant canalisé et son activité débordante est demeurée sa force. Aspirateur à rebonds et attaquant opportuniste, Joffrey Lauvergne a également pu faire valoir son jeu loin du cercle, avec un tir en périphérie qui devrait faire des ravages en NBA. Le bémol vient du fait qu’il joue au poste 5 alors qu’il est plus naturellement un poste 4 (qui s’écarte justement). Face à Gasol et Raduljica sur les deux derniers matchs, l’affaire était plus compliquée. Mais son tournoi est une sensationnelle réussite. Avec Evan Fournier, et Rudy Gobert, il sera un cadre à moyen terme… et c’est de très bon augure !
Evan Fournier | 7 points à 45%, 2 rebond, 1 passe en 15 minutes
9 points à 58% de réussite (dont 6/12 à trois points), 3 rebonds : ce sont les statistiques d’Evan Fournier sur les quatre derniers matchs couperets. L’arrière tricolore était à la peine lors de la phase de poule à Montpellier, l’air du Grand Nord lui a fait le plus grand bien. Son match face à la Serbie, 15 points à 6/7 aux tirs, plus 5 rebonds, est logiquement son meilleur match sous le maillot national. Et pas au pire moment, vous l’aurez remarqué ! Le joueur du Magic a cette capacité assez faramineuse à se transcender pour les matchs qui comptent le plus. C’est une des raisons pour lesquelles on aurait souhaité le voir à l’oeuvre plus que 6 malheureuses petites minutes (malgré les erreurs – qui font encore partie de son jeu) face à l’Espagne en demi… Son entente avec Rudy Gobert dans le jeu est une superbe perspective d’avenir.
Charles Kahudi | 3 points à 44%, 3 rebonds, 1 passe en 11 minutes
La patte de lapin des Bleus a encore marché ! Avec 4 médailles en 4 compétitions internationales, Charles Kahudi porte bonheur à l’Equipe de France : 100% de réussite ! Plus sérieusement, le futur ailier de Villeurbanne a une nouvelle fois répondu parfaitement aux attentes. Son activité défensive, sa raison d’être chez les Bleus, a été rayonnante à chaque fois qu’il a été appelé sur le terrain. On regrettera (comme beaucoup) de ne pas l’avoir vu à pied d’oeuvre face à l’Espagne (0 minute !) où il aurait certainement pu ralentir un tantinet Sergio Rodriguez qui a tué la France avec sa relation privilégiée avec Pau Gasol. Ses contres tonitruants sont toujours un must !
***
Nicolas Batum | 9 points à 35%, 4 rebonds, 1 passe en 23 minutes
Comme pour Tony Parker, on espérait que Nicolas Batum sorte de sa boîte pour les phases finales à Villeneuve d’Ascq. Que nenni ! Le Normand n’a pas non plus trouvé son rythme de croisière. Aperçu quasi-exclusivement en shooteur extérieur, l’ailier n’a brillé sur ses pénétrations cinglantes que trop rarement. En résultent ses statistiques très moyennes, fort probablement ces pires chiffres depuis son intronisation au rang de leader de l’équipe. Comme un symbole, son tir à trois points pour arracher la prolongation face à l’Espagne (un petit bijou de shoot – surtout au niveau de la fluidité) s’est transformée en eau de boudin avec ses trois lancers manqués. À sa décharge, il devait s’adapter à un rôle plus en retrait offensivement. Et il a effectivement toujours été à la recherche de sensations… Comme TP.
Boris Diaw | 6 points à 50%, 3 rebonds, 4 passes en 24 minutes
Grand amateur de café s’il en est, au point de l’amener avec lui en conférence de presse, Boris Diaw ne semble parfois plus en sentir les effets positifs. Figurant parmi le trio des tauliers hors de rythme, le capitaine des Bleus a manqué de mordant dans cet Euro. Un peu trop nonchalant dès la phase de poules, Boris n’a pas retrouvé son tranchant de l’été passé, et encore moins celui qu’on lui a connu chez les Spurs lors de la conquête du titre. Sa capacité, par la passe, à créer du jeu a encore illuminé le jeu tricolore par séquences, mais cela ne peut pas cacher une forme évidente de frustration. Le quart face à la Lettonie, avec 14 points à 7/12 aux tirs, laissait entrevoir le meilleur pour la demi. Mais à l’image de l’équipe, il a aussi sombré (5 points, 6 rebonds, 4 passes mais 2/7 aux tirs).
**
Tony Parker | 12 points à 34%, 4 passes, 2 rebonds en 28 minutes
Il voulait tant marquer l’histoire avec cet Euro à domicile, son dernier et sur ses terres. C’était une forme de récompense magnifique pour sa génération qui a changé la donne en France… Hélas, trois fois hélas, les Bleus sont tombés face à l’inoxydable Roja de Pau Gasol. Tony Parker n’aura jamais réussi à passer la surmultipliée dans les phases finales. Meilleur marqueur sur les deux derniers Euros, dont il avait fini MVP en 2013, il n’a jamais trouvé son rythme, et pire, il a semblé à court physiquement, que ce soit du point de vue défensif et sur ses pénétrations estampillées. Il a reconnu lui-même s’être mis trop de pression pour ce rendez-vous. La médaille de bronze viendra néanmoins garnir une armoire à trophées (indiscutablement) bien remplie.
Léo Westermann | 3 points à 32%, 1 rebond, 1 passe en 8 minutes
Avec 8 minutes sur le terrain pendant les phases finales, et en moyenne sur le tournoi, Léo Westermann n’a pas vraiment été utilisé par le staff des Bleus. Venu palier l’absence de dernière minute d’Antoine Diot (d’autant plus rageante vu le scénario de cet Euro), le meneur limougeaud a fait ce qu’on lui demandait. Non utilisé dans les deux derniers matchs, il engrange en tout cas sa première médaille chez les grands après ses trois breloques en équipe junior.
Mam Jaiteh | 2 points à 38%, 2 rebonds en 6 minutes
Le rookie des Bleus a joué 5 minutes contre la Turquie en huitième, le temps pour lui d’inscrire 4 points à 2/4 aux tirs. Ensuite, il s’est bien gentiment rassis jusqu’à la fin du tournoi. Il repart de cet été tricolore avec une belle médaille et des étoiles plein la tête. Son sourire permanent et sa disponibilité sont des modèles du genre. Maintenant, il a toutes les armes pour devenir un joueur dominant en Pro A !
Florent Pietrus | 1 points à 36%, 3 rebonds en 15 minutes
On vous avait prévenus que pour Florent Pietrus, il ne fallait pas regarder les stats ! Dernier des marqueurs pour l’Equipe de France, il a tout de même réalisé un Euro dans ses standards. Pilier de notre défense quand il vient remplacer Boris Diaw, dont il est la doublure officielle depuis 10 ans, l’ailier fort a manqué face à l’Espagne. Lui aussi réduit à la portion congrue, au même titre que son coturne habituel, Mickaël Gelabale, Florent Pietrus n’a joué que 6 minutes alors qu’on aurait pu s’attendre à un duel aussi titanesque avec Pau en demi que celui délivré avec Marc Gasol l’an passé en quart. Mais bon, une cinquième médaille aussi pour le guerrier des Abymes.