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Interview Boris Diaw sur RMC Basket Time

Quarante-huit heures après, avez-vous digéré ce 8e de finale devant plus de 26 000 spectateurs ?

C’était un super moment. Il y avait énormément de monde et tout le monde était très motivé et criait très fort. Mais on le sait, les matches vont monter en puissance petit à petit. Comme on le répète, cet Euro va être super difficile. Tous les Euros sont difficiles. Et on est à la maison donc on a aussi cette pression-là. Mais on est aussi poussé par le public. Pour l’instant, le 8e s’est bien passé mais les équipes vont être de plus en plus fortes au fur et à mesure des étapes.

Un mot sur Tony Parker, votre grand ami, qui n’a pour l’instant pas à forcer son talent en attaque. Comment le trouvez-vous dans cet Euro ?

Tony est surmotivé, comme tout le monde. Il essaie de vivre pleinement cet événement comme on le fait tous. Il sait que c’est l’occasion de gagner devant notre public et il est présent à tous les instants en tant que leader.

Les jeunes loups commencent à prendre de l’ampleur chez les Bleus…

Cette profondeur de banc, c’est ce qui fait la particularité de notre équipe cette année, et une force par rapport à toutes les autres équipes. On a plein de joueurs qui sont capables de venir et de jouer, pas mal de jeunes loups qui arrivent à maturité et qui apportent beaucoup sur le terrain. On a vraiment une équipe complète. Tout le monde apporte sa pierre à l’édifice.

Faut-il aussi canaliser ces jeunes loups ?

Bien sûr mais c’est normal. Ça a toujours été comme ça et c’était pareil lorsqu’on était jeunes. C’est cette fougue qui nous permet de faire des éclats, de prendre 6-8 points d’avance, d’un côté ou de l’autre d’ailleurs. Sur un Euro, tu ne peux pas juste compter là-dessus et il faut que les choses soient cadrées à un moment donné. Mais on a la chance d’avoir des jeunes loups intelligents, qui comprennent ça et qui savent tempérer de temps en temps.

Vous avez retrouvé votre identité défensive collective, notamment contre la Turquie. Avez-vous l’impression d’avoir réuni tous les ingrédients au bon moment et que la compétition est enfin lancée ?

La compétition est lancée depuis un moment. Mais on sait que c’est un marathon et pas un sprint. C’est l’expérience qui nous a apporté ça. Mais on sait aussi qu’on n’a plus le droit à l’erreur désormais. C’est la loi des matches couperet sur les phases finales. On a confiance en notre équipe, en notre jeu, en ce qu’on sait faire. On n’est pas à l’abri de faire un mauvais match mais on met toutes les chances de notre côté pour ne pas que ça arrive.

Les premières minutes contre la Turquie n’ont pas été simples. Les éléments extérieurs, comme l’adieu aux JO en cas de défaite, vous ont-ils affecté ?

Non car comme je le disais, on a confiance en nous. C’est un peu notre mode de fonctionnement. Toujours y croire, continuer quoi qu’il arrive, défendre. On en revient aussi au fait d’avoir beaucoup de joueurs. Parfois, ce n’est pas dans les premières minutes qu’on va gagner car l’équipe en face va mettre la même densité physique. Mais à un moment, ils vont se fatiguer car ils n’ont peut-être pas autant de changements possibles que nous. Nous, on va changer, les cinq qui se donnaient à fond vont sortir, cinq nouveaux vont arriver et se donner à fond, et c’est souvent là que l’écart se crée.

Parlons de la Lettonie, votre adversaire en quart. La clé sera-t-elle encore sur l’intensité défensive pour ne pas donner confiance à leurs tireurs ?

La Lettonie, c’est une vieille connaissance. C’est une équipe dangereuse. On le sait à chaque fois mais ils nous surprennent à chaque fois. Donc ce n’est plus une surprise. Si cette équipe s’est qualifiée en quart, c’est qu’elle a des qualités à faire valoir. Elle est très dangereuse notamment par le tir. Elle peut être d’une adresse folle de temps en temps et il faut savoir la canaliser. Il faut pouvoir tempérer leurs moments de folie et les battre sur la durée. Ces matchs couperets, c’est pour ça qu’on joue au basket. C’est le plus excitant.

Le groupe reste-t-il dans sa bulle à penser 100% basket ou prenez-vous des bons moments à côté ?

On n’est pas en vacances. On se dit qu’on peut rester dans notre bulle pendant une semaine. On s’ouvrira au monde un peu plus tard, pour fêter ça on l’espère. Pour l’instant, on est vraiment concentré. On est dans le cocon équipe de France. Tous les repas qu’on prend ensemble nous rapprochent. Ça sert d’unité.

Y a-t-il toujours des règles précises dans le groupe, avec notamment un système d’amendes pour les retardataires ?

Bien sûr. Mais ça a plus lieu pendant la préparation. Plus on se rapprochait de la compétition, moins il y avait de retards et d’oublis. Tout le monde était plus concentré.

Le dress code existe toujours également ?

Oui et c’est moi qui donne la tenue du jour en tant que capitaine. Avant, ça se faisait sur papier, il fallait que je fasse un tableau Excel pour dire quel jour on faisait quoi. De nos jours, on fait ça par WhatsApp, ça va plus vite.

L’an dernier, au Mondial en Espagne, il y avait également le phénomène des jeux vidéo dans le groupe. Cela continue aussi ?

Oui. C’est surtout les jeunes. Je n’ai pas ramené la console cette année. Celui qui s’entraîne le plus, c’est Rudy Gobert. Je pense qu’il s’entraîne plus aux jeux vidéo qu’au basket. Mais pourtant, ce n’est pas le premier. On a par exemple vu le jeune loup Mam Jaiteh le battre sur un match de foot, un soir où ça avait été très sérieux. Rudy avait dit avant que c’était le premier à deux victoires, Mam l’a emporté et c’est resté en travers de la gorge de Rudy.

Pendant la préparation, vous aviez rencontré le XV de France, qui va débuter sa Coupe du monde le week-end prochain. Quels souvenirs gardez-vous de cette rencontre ?

Il y a eu beaucoup d’échange et de respect les uns pour les autres. Ce sont deux sports complétement différents mais au final, c’est la même chose. Ils étaient en mode préparation, prêts à grimper des montagnes, et c’était la même chose pour nous. On a parlé de jeu, de préparation, d’intensité, des attentes du public, mais aussi des bêtises de la vie de groupe journalière.

L’Interview et le Podcast de RMC

Julien Lefebvre

Directeur de la publication: plus connu pour ses solides appuis que pour ses envolées lyriques.